vendredi 27 juin 2014

British Open Gemona - Manches 5, 6 et conclusion

06 et 07 juin 2014

Après 3 jours de plaine, les conditions météo permettent (enfin) de lancer deux courses au but en montagne. Une première de 102km, la seconde de 75km. Les 2 manches ont en commun de terminer le parcours par de la plaine, sinon « c’est trop facile » dixit nos amis anglais.

Je retrouve des secteurs de vol que je connais bien, cheminement, appuis dynamiques, transitions, venturis et thermiques velus. J’accélère fort pour rester en visu du groupe de tête, je suis en pleine confiance sous ma M6, pas de soucis je peux m’exprimer.

Je ne boucle pas la manche de 102km, posé dans les derniers 20km de plaine sous le voile de cirrus. Aucun regret, la plupart des compétiteurs posent avec moi après un beau vol. Et pour la première fois j’ai pris les devants en emmenant un groupe de 6 voiles dans mon option (option qui finalement pose tout le monde ;-) ).

Je boucle la dernière manche de 75km en 2h28 et plus de 30kmh de moyenne en 32eme position. Beau vol encore une fois, engagé par endroits. L’organisation n’a pas hésité à nous envoyer dans des vallées imposables et difficiles d’accès, ce qui a valu à plusieurs pilotes de rentrer le soir en hélico. J’ai assuré la manche, toujours en visu du groupe de tête. Je perds un peu de temps pour bétonner la rentrée au goal dans les 10 derniers kilomètres de plaine, mais prendre le risque de ne pas boucler la dernière manche n’était pas une option.

La soirée de remise des prix a lieu le soir même, une belle soirée pour une belle semaine qui nous a permis de lancer tous les jours des manches intéressantes et variées. Je termine 54eme de cette compétition, résultat qui est en accord avec mon niveau actuel. Pas de regret, pas non plus de quoi pavoiser.

Je cumule 17 heures de vol et 300km parcourus en 5 manches validées, dont 180km de plaine. Au niveau du bilan, pour faire simple, il y aura un avant et un après ce british open. C’est sans aucun doute une étape importante dans mon parcours, comme peuvent l’être un premier vol en autonomie, un premier cross ou un premier 100km.

J’ai un peu l’impression de redécouvrir le parapente en ce moment. Ce sont des schémas préétablis qui sautent et des verrous qui se débloquent d’un coup. J’ai pu constater la différence entre mon niveau et celui des meilleurs, une différence énorme, du même ordre qu’entre moi et quelqu’un qui n’a jamais touché à un parapente de sa vie. C’est peut-être ce constat qui m’apporte le plus aujourd’hui, comprendre que je suis encore tout petit permet d’envisager l’avenir en très grand.

Le petit mot de la fin pour remercier mes amis français qui ont consommé du temps de travail pour me suivre et m’encourager. C’est bon pour le moral surtout après un tas dans la plaine de Gemona.

Prochaine étape, les championnats de France en septembre. D’ici là, voler.


Ci-dessous les 6 manches en vidéo.













jeudi 12 juin 2014

British Open Gemona - Manches 3 et 4

04 et 05 juin 2014

Chapitre 2 : La plaine c'est l'enfer 

Manches 3 et 4 : deux manches de pure plaine, la première de 65km lancée tôt, la seconde de 42km lancée tard, des conditions météo différentes et une majorité de pilotes au goal à chaque fois. Je boucle la première dans les derniers à plus d’ 1h30 des leaders, je pose au bout de 30km dans la seconde. Pour moi le dénominateur commun des deux manches c’est la galère, voir l’enfer par moments. J’ai découvert la plaine en conservant mes réflexes de montagneux et je l’ai payé cher. Autant dire qu’après ces deux dernières manches je me retrouve au fond du classement général et que le moindre hectare de plat me donne maintenant des crises d’angoisses (bon ok là j’exagère).

Cela dit on progresse en faisant des erreurs non ? En attendant de progresser je me base sur ma petite expérience et sur les dires de mes amis compétiteurs pour rédiger les 4 commandements tactiques qui m’ont manqués dans ces manches de plaine.

Règle n° 1 : A 500 mètres derrière le groupe, tu ne fais pas partie du groupe. A 100 mètres sous le groupe, tu ne fais pas partie du groupe non plus. 
Probablement le réflexe alpin qui m’a le plus affecté pour ces 2 manches. Dans ma montagne les cycles sont longs et réguliers. Tu peux arriver 3 minutes et 200 mètres sous une grappe qui monte, il y a de fortes chances de toucher la même colonne ascendante. Ici, dans la plaine de Gemona, c’est le contraire. Arriver 15 secondes derrière une voile qui monte et la probabilité de se retrouver hors cycle est importante. Pas de colonne, uniquement des bulles. Avec un léger retard sur le groupe il vaut mieux le lâcher et partir sur sa propre option, quitte à former un nouveau groupe avec les retardataires.

Règle n° 2 : Le bas c’est le mal. 
Ce qui n’est pas forcément vrai en montagne. La plaine ici étant léchée par la brise, en bas tout est faible et désorganisé. Remonter après un point bas à 200m / sol peut prendre une éternité. Si en plus la branche est face à la brise le temps perdu est considérable. Un point bas dans la plaine de Gemona signifie souvent la fin de la course.

Règle n° 3 : Si tu veux aller vite, soit patient 
Cela m’est arrivé plusieurs fois lors de la seconde manche. Vouloir à tout prix suivre le groupe en négligeant un plein peut s’avérer être une option catastrophique. D’abord parce que d’après la règle 1, si tu es plus bas que le groupe tu ne fais plus partie du groupe. Ensuite parce que d’après la règle 2, le bas c’est le mal. Fais un plein au nuage et tu auras une masse d’air plus facilement exploitable, balisée, avec des lignes porteuses. Etre légèrement au-dessus d’un groupe assure de toucher les mêmes cycles que ce dernier. Conclusion, prendre 10 minutes pour faire le nuage peux te faire gagner une heure sur le parcours. Donc patience.

Règle n° 4 : Rien ne sert de partir à point, il faut courir. 
Ce n’est pas exclusif à la plaine, plutôt à la compétition en règle générale. On t’a expliqué que l’essentiel était de boucler ? Oublie. L’essentiel c’est de boucler vite. En termes de points, la différence entre le pilote qui boucle avec 1h de retard et le pilote qui ne boucle pas est faible. Bétonner la rentrée au goal alors que tu es déjà en retard est automatiquement perdant. Avec un gros retard sur les premiers la seule option payante est de prendre des risques pour remonter.

Heureusement, demain on joue dans la montagne !





mercredi 11 juin 2014

British Open Gemona - Introduction et Manche 2

03 juin 2014

Chapitre 0 - Introduction

La manche d’hier a été annulée avant le start pour cause de grêle au déco et sur la zone d’attente. Les conditions étant correctes en direction de la mer, nous avons échangé la manche contre un vol de découverte du vol de plaine pour l’alpin que je suis.

Les conditions météo pour le reste de la semaine seront excellentes avec de belles manches lancées chaque jour. Pour vous donner une idée du site, le déco est face à la plaine, 60km de plat vers le sud jusqu’à l‘adriatique. Derrière le déco ce sont les avant-reliefs des Alpes Juliennes, de grandes crêtes Est-Ouest moyennant à 1500m. Un régime de brise sud balaye plaines et reliefs à partir de 12H. C’est notre terrain de jeu pendant 5 jours, uniquement en plaine pour les 3 premiers, mix plaine / montagne pour les 2 derniers. 

Nous aurons droit à une organisation de haut-niveau. Briefings clairs et précis, commission sécurité au top, recup efficace, bonne ambiance, zéro blessé (sans compter quelques entorses au déco), livetracker pour la sécurité, les résultats et accessoirement pour permettre aux amis français de suivre les manches en temps réel.

Chapitre 1 - La plaine, c’est facile

Aujourd’hui des orages aux reliefs sont prévus rapidement dans l’après-midi. C’est donc une course rapide de 46km en plaine qui est lancée.

J’aborde cette première manche complètement détendu avec pour seuls objectifs de voler en groupe, de rentrer au goal et de me faire plaisir. Je termine la manche à la 38eme position en 1h46, à 15 minutes des premiers, et une impression de facilité qui me rassure à tort pour la suite.

Pourtant en plaine je suis perdu, je ne vois pas comment anticiper les bonnes lignes et les zones favorables. A fond de barreau, l’aile tranche la masse d’air et rend sa lecture difficile.

Ce qui me sauve sur cette manche c’est le groupe. Le groupe de tête me porte sur la première partie de course avant de me distancer, suffisamment pour me permettre de ne pas les suivre sur une option galère. Je me retrouve malgré moi en tête à mi-course contraint d’attendre plusieurs minutes pour accrocher le premier groupe de poursuivants. Je me fais à nouveau distancer avant de rejoindre un second groupe pour la fin de course.

Finalement la plaine c’est facile, il suffit de miser sur le bon cheval et de ne pas le lâcher. Sauf que je ne le sais pas encore mais ce sera mon meilleur résultat de la semaine.