mardi 28 août 2012

Mont Blanc et réflexions


Je voulais revenir sur la journée de dimanche dernier (Mont Blanc) qui a fait couler beaucoup d’encre sur les forums spécialisés, et qui va probablement continuer à alimenter les discussions pendant les prochaines semaines. Passé l’euphorie du moment, c’est le retour à la réalité. Concernant les vols dans le massif du Mont Blanc, il y aura probablement un avant et un après 19 août 2012. 

Pour en revenir à dimanche dernier, une grande majorité des pilotes a suivi le même itinéraire, évitant la zone R30, évitant la réserve des aiguilles, et faisant attention de ne pas rentrer dans la LTA Franco-Suisse du FL115. Certaines voiles ont survolées le sommet, d’autres sont restées au-dessus de l’aiguille du Brouillard côté Italien. Pour beaucoup donc, le vol est parfaitement légal.

Pour la cinquantaine de pilotes qui se sont posés, effectivement l’atterrissage du Mont Blanc grignote de 300m la limite de R30, et est donc théoriquement interdit. Certains pilotes ont tenté d’obtenir une autorisation auprès de la préfecture qui leur a été refusée. Ceux qui se sont posés au Mont Blanc se basent donc sur la tolérance fragile qui nous est accordée depuis des années pour ce vol. En parlant de tolérance, il ne faut pas oublier que de poser à l’atterrissage du Bois du Boucher en est également une autre, puisque ce terrain est en plein dans R30 et est pourtant utilisé par plusieurs centaines de parapentistes chaque jour.

Mis à part la tolérance, les pilotes posés au Mont Blanc justifient leur infraction par le différend frontalier Franco-Italien. Tous les pilotes s’étant posés sur le versant sud du sommet, ils se sont posés en Italie … pour les Italiens qui estiment que la frontière passe par le sommet.

Tout ça pour vous dire que pour la plupart des pilotes ce jour-là, le vol avait été préparé sérieusement, en prenant en compte les nombreuses interdictions qui existent dans la vallée. Le PGHM avait été prévenu la veille d’une possible affluence au sommet due aux conditions météo et n’a donc pas été surpris.

Mais comme toujours, on parle d’une minorité (quelques voiles) qui se seraient retrouvées sur la mer de glace ou devant les aiguilles de Chamonix, en plein R30. Comportement scandaleux et irrespectueux de quelques pilotes qui risque de coûter cher à l’ensemble de la communauté.

Maintenant le vol de dimanche dernier pose un autre problème, à mon sens bien plus important que le simple aspect réglementaire, c’est celui de la sécurité. Parce que 50 gus posés à 5000m, pour certains en short / basket, on comprend bien que ça peut très mal finir. Dimanche dernier c’était 50, combien serons-nous la prochaine fois, 100, 200 ? Avec toutes les vidéos et les récits qui tournent, l’impression de facilité, les réseaux sociaux qui annoncent une semaine à l’avance les journées fumantes, on peut parier que le nombre de tentatives va augmenter à chaque canicule.

A mon sens c’est surtout cette question qui peut faire peur, et à juste titre, à la FFVL, au PGHM et aux élus locaux. La journée de dimanche a montré que le vol du Mont Blanc n’était plus quelque chose d’anecdotique réservé à une poignée de pilotes. Sommes-nous capables de gérer une affluence sur ce type de vol ? J’imagine que la fédé, les clubs et écoles de Cham, le PGHM et les élus vont devoir travailler sur ce sujet prochainement. Mais si aucune solution n’est trouvée pour assurer la sécurité d’une meute de parapentistes souhaitant atteindre le toit de l’Europe une ou deux fois par an, il est fort à parier que ce vol sera interdit d’une façon ou d’une autre.

Je ne sais plus trop ou j’ai lu que d’une certaine façon, nous avons tous été un peu égoïstes de profiter des conditions de dimanche pour atteindre si facilement son sommet. Nous avons ainsi tous contribué à « tuer » le Mont Blanc en parapente. On peut le regretter mais d’un autre côté, c’est avant tout la formidable évolution de nos machines, le niveau grandissant des pilotes, l’expérience, l’accessibilité des outils météo et le partage de l’information qui ont permis une telle journée. Comme dans toutes les disciplines, les objectifs les plus difficiles d’une époque deviennent les standards de la génération d’après. On trouvera bien d’autres mythes.



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